Thursday, June 30, 2016

Chérir son audience

Marcos, Robin et Isaac de la plantation de cacao Ucayali au Pérou
157 : c'est le nombre de vues de ma 31ème revue de tablette de chocolat sur YouTube. Celle-ci mettait en avant une tablette un peu particulière puisqu'elle était réalisée à partir des fèves de la seule plantation de cacao située dans la région d'Ucayali au Pérou, une région plus connue pour la culture d'une certaine substance illicite que pour celle de son cacao. Un petit chocolatier de la région de Los Angeles, LetterPress Chocolate, avait acheté les fèves issues de la première récolte de la plantation à l'automne dernier et j'ai eu la chance de figurer parmi les toutes premières dégustatrices des tablettes. Vous pouvez en voir ma revue en anglais dans la vidéo ci-dessous.


Samedi dernier, j'assistais pour la première fois à une réunion de la Fine Chocolate Industry Association à New York. Cinq minutes après avoir récupéré mon badge, Robin, l'homme barbu au à droite sur photo en haut est venu me tendre la main en me disant qu'il me connaissait. Je l'ai regardé d'un air incrédule avant qu'il ne m'explique qu'il est l'un des trois membres de la plantation d'Ucayali. Il m'a remerciée pour la vidéo et, les mains tremblantes, a commencé à me montrer les photos de leur plantation péruvienne avant de me proposer de visiter leur plantation au Pérou ! Nous étions tous émus, il est en effet très rare que les producteurs de fèves goûtent aux tablettes réalisées à partir des fruits de leur récolte et rencontrent les consommateurs comme vous et moi. Pour une chocophile comme moi, le moment était tout simplement magique. 

Marcos et Isaac de la plantation Ucayali
Il m'arrive sûrement comme à vous de me lamenter de n'avoir "que" 3 inscrits à ma séance dédicace, 80 abonnés sur Instagram ou 10 personnes sur ma newsletter. Samedi, cette rencontre m'a rappelée qu'il est important d'être reconnaissant pour chaque abonné, " likeur" et lecteur. On ne mesure pas toujours l'impact de ses mots, photos ou de son travail et il suffit d'une rencontre comme celle que j'ai faite samedi pour se souvenir que la vraie mesure du succès, c'est vraiment l'impact de notre travail sur la vie des autres et qu'il suffit de toucher une personne pour que nos efforts trouvent leur sens.

Friday, June 10, 2016

14

Le lundi 10 juin 2002, je traversais l'Atlantique pour la toute première fois pour rejoindre mon premier emploi de jeune diplômée. Je portais des Camper's rouges, un imper Etam écru et des lunettes qui me tombaient sur mon nez. En soute, deux valises remplies de vêtements et bien sûr aussi d'albums photo. En cabine, un sac à dos Eastpak noir, souvenir de mes années d'étudiante, dans lequel j'avais glissé une trousse de toilettes blanche couverte d'ours bleus, un lecteur CD, des compils Inrocks et deux cadeaux de mon ami Serge : le premier CD de Vincent Delerm et Une parfaite journée parfaite, l'un des premiers livres de l'écrivain Martin Page.

N'importe quel expat vous le dira, les premiers jours dans un nouveau pays sont particulièrement éprouvants. Tous les soirs, en rentrant du travail, j'essayais de trouver du réconfort en écoutant Vincent Delerm avant de me retrouver dans le personnage du livre de Martin Page qui se suicidait à la fin de chaque journée. Pendant des jours, je me suis accrochée à ces morceaux de culture comme un naufragé à une bouée et puis, petit à petit, j'ai commencé à apprivoiser ma nouvelle vie. J'ai fait la connaissance de Jonathan, qui m'a fait remarquer que Vincent Delerm chantait faux, j'ai découvert la chick lit' américaine (littérature pour femme), que j'adore, et j'ai commencé à aimer ma nouvelle vie américaine.

Quand j'ai compris que je ne retournerais pas vivre en France, j'ai eu peur de perdre un peu de cette Estelle. 14 ans plus tard, je suis rassurée : j'ai gardé mon goût pour les chaussures rouges, les livres de Martin Page et les compils des Inrocks. Pourvu que ça dure.


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