Dans beaucoup d'esprits, le processus créatif s'apparente à un voyage en avion : une ligne droite qui relie un point de départ à une destination. On connait l'heure d'embarquement, on a une bonne idée de celle de l'aterrissage et, à quelques turbulences près, le voyage se fait sans grande surprise. Dans les faits, le processus créatif ressemble plus à un road trip dans lequel on s'embarquerait sur un coup de tête, avec une vague idée seulement de la destination. Le chemin lui-même est riche en surprises et en détours mais, à l'arrivée on goûte à la satisfaction d'avoir vécu une belle aventure. Comme dans le cas d'un vrai road-trip, le créateur puise son plaisir aussi bien dans le voyage que dans sa conclusion.
J'ai une vraie fascination pour le processus créatif. C'est un vrai bonheur pour moi de visiter un studio d'artiste, ne serait-ce que pour apprécier que le chemin vers la création n'est pas linéaire. Aujourd'hui, j'ai donc décidé de partager le chemin entre le moment où j'ai décidé de retravailler la couverture du guide de survie et celui où j'ai déclaré le projet bouclé. J'espère que, vous apprécierez vous aussi le chemin que l'idée a parcouru et, si d'autres auteurs comme moi font le choix d'auto-publier, je serais ravie de partager dans un qutre billet quelques conseils pour mieux appréhender le processus de collaboration avec d'autres artistes.
Enjoy the ride!
Juin 2015 : création de la première couverture
En mai 2015, à la demande de lecteurs, je décide de faire imprimer mon guide. J'ai une idée très précise de son format (brochure, pour qu'il puisse glisser dans un sac à main) et de la qualité du papier (lisse et brillant, pour qu'il puisse résister aux lectures répétées en cuisine) mais je ne sais pas à qui m'adresser. Par le plus grand des hasards, mon chemin croise celui d'une imprimerie alors que je vais récupérer ma voiture au garage. C'est dans cette petite imprimerie que seront imprimés mes guides quelques semaines plus tard.
Le mois de juin est alors consacré à de nouveaux cycles de relecture et de mise en page. La date de sortie du guide étant fixée au 14 juillet, je n'ai pas le temps de travailler avec un illustrateur/graphiste pour la couverture du livre. Je créée donc la première couverture du guide sur Canva pendant la sieste de mes filles : je veux quelque chose de très coloré pour attirer l'attention des visiteurs lors de ma séance dédicace à La Baguette Magique.
Quand on tient compte du fait que je ne suis pas graphiste, la première couverture n'était pas trop mal. Très vite, pourtant deux problèmes se posent :
- La photo ne capture pas l'intégralité du contenu du guide.
- Le rouge est une couleur très difficile à capturer en photo. Pour quelqu'un d'actif sur Instagram qui comptait sur la plateforme pour faire connaitre le livre, cela a constitué un problème.
Juillet-Septembre 2015 : identification de l'artiste
Parmi les nombreux artistes que je suis alors sur Instagram, il y a Christina Hart de Wild Hart Paper Co. J'adore son style féminin et épuré, ainsi que sa graphie élégante que je rêve d'incorporer à mon travail. Fin juillet, je lui demande donc un premier devis pour un tampon encreur "merci" pour personaliser les cartes qui accompagnent les commandes du guide. L'impact d'un tampon me semblant pourtant moins important que celui d'une nouvelle couverture, je la recontacte pour un autre devis, cette fois pour une illustration de couverture. Je la remercie et laisse l'idée faire son chemim.
Mi-août, grâce à l'article que le French Morning consacre à mon guide, j'entre dans mes frais et je dispose des fonds nécessaires pour financer une nouvelle couverture. Je recontacte Christina et nous nous mettons d'accord pour nous rencontrer début septembre.
Début septembre, coup de théâtre : Christina m'annonce sa décision de ne plus accepter de travail personnalisé pour se concentrer sur sa (très jolie) ligne de papeterie. Retour à la case départ.
Crédit photo : Wild Hart Paper Co. |
Le 8 septembre, je lui envoie une proposition de collaboration par e-mail. Les jours passent, aucune nouvelle. Je le contacte sur Instagram. Un e-mail de ma part ? Il n'a rien reçu. Je renvoie mon message, qui finit lui aussi dans sa boîte spam (merci Gmail), Nous prenons rendez-vous dans un café le 9 octobre afin de passer le projet en revue.
Précision de taille, Dan ne parle pas français. De plus, s'il a réalisé de nombreuses illustrations et logos, il s'agit là de sa première illustration de couverture. J'ai consicence de prendre un risque en travaillant avec lui mais voilà, il faut savoir vivre dangereusement.
Au café, je passe en revue l'intégralité du guide de survie. Je lui explique alors ma vision pour la nouvelle couverture : un titre calligraphié aux accents vintage et un élément qui rappelle l'Amérique des années 50, celle des milk shakes, des blousons en cuir et des diners. Pour moi, c'est la bouteille de lait en verre qui symbolise cette Amérique que j'aime et je lui donne carte blanche pour l'incorporer au design.
Avant de partir, je lui montre un exemple d'illustration dont il peut s'inspirer. Coïncidence, elle s'avère avoir été réalisée par l'un de ses artistes préférés. Je décide que c'est bon signe.
Octobre 2015 : réalisation des premiers croquis
Fin Octobre, Dan m'envoie trois croquis de titres calligraphiés.
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J'accuse réception des croquis et me donne 48h de refléxion (surtout ne pas choisir un croquis à chaud !), je choisis, avec l'aide de ma soeur, le croquis numéro 3. Bonne nouvelle, il s'agit du croquis préféré de Dan. Etape suivante : la couleur et l'inclusion de l'illustration.
Novembre 2015 : le choix de la couleur et de l'illustration
A partir du troisième croquis, Dan réalise deux ébeauches de couverture :
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Lorsque je montre ces deux brouillons à Jonathan, nous réfléchissons ensemble à un élément plus général qu'une bouteille de lait. La réponse me vient aussitôt à l'esprit : une assiette, bien sûr ! Le titre de l'un des livres de ma bibliothèque, Will Write for Food, repose justement dans une assiette.
Fin novembre, juste avant Thanksgiving, je reprends donc rendez-vous avec Dan pour le mettre sur la voie des nouveaux changements. Pour l'illustration, il voit où je veux en venir et je guette sa réaction en sortant Will Write Food de mon sac : son regard s'illumine, ouf, il est inspiré ! Pour la couleur, je lui propose de s'inspirer de la palette - féminine mais pas girly - d'une carte signée Trader Joe's.
Et c'est parti pour un nouveau cycle de révisions.
Décembre 2015 : finalisation de la nouvelle couverture
Début décembre, Dan m'envoie alors quatre nouvelles propositions.
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L'aventure aura en tout duré trois mois et je n'ai qu'une envie, c'est de repartir au plus vite. Un journal de survie alimentaire aux Etats-Unis, ça vous dit ?